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Sur le trottoir de l'Elysée
Sur le trottoir de l'Elysée
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7 janvier 2008

Je m'écrase

cigarette

J'ai tué ma dernière clope dans un café avec mon poumon gauche. Etouffant ce dernier d'une mousse aussi grise que les jours. Gageant de ne plus jamais me faire mourir au pied d'une tasse. Et dans le fond de cette dernière, le jus macéré de mon âme. Sauve l'âme, pour tout ce qu'elle éviterait de se consumer.

J'ai eu une pensée pour tous ceux qui avaient vu leurs vies s'émietter. Roulés, roulés dans le mensonge. Cette farine goudronnée par les puissances de l'argent, de la politique et des rituels de la société.

La sociologie c'est aussi la mort sans combattre


J'ai eu une pensée pour les carcasses encore fumantes, qui égrenaient leurs défiances, comme on éparpille le tabac. Avec cette volonté ferme de tout voir s'embraser. Les compromis, les privilèges, les distinctions hiérarchiques, les néons clinquants du pouvoir et le capital santé de l'Etat. Souvent, ceux là, carcasses, sont morts trop vite.

Et par dessus les trottoirs, continuer de voir le jus macéré des corps qui toussent. Abandonnés ainsi que l'on jette sa tige entre les pas pressés.

Elle était moche ma dernière cigarette. Un filtre mou dans lequel j'avais planté mes ongles. Marquant l'extrémité jaunie de mon empreinte, pour que l'on puisse dire que c'était la mienne. Que le froissement du papier et de la bave en particules invisibles d'ADN. Que tout ça, finalement, m'appartenait. Pour le meilleur et pour le pire.

J'ai longtemps cru que chaque bouffées était une réflexion permise. Que mon corps, clean et propre, n'était que l'écho d'un silence. Et c'est du bruit que je voulais pouvoir expirer. Un souffle infernal. Nuisance à l'égard des décideurs. Et pour peu qu'ils décident aussi des doses à infiltrer dans mes clopes, ils étaient aussi des empoisonneurs. Et pour peu que je puisse continuer à croire à la mithridatisation, alors ma révolte se tasserait, tasserait.

Désormais, puisque la loi fait foi par dessus mes poumons et ceux des autres, alors j'irai crever chez moi. A petits feux, de petites cigarettes et rompu à croire que l'hygiénisme est dangereux pour la santé de mes mots.

J'écris en fumant. Je fume en écrivant et j'irai cracher ma mort lente, dans le vacarme de mes ratures. Trouvant qu'elle a quand même bon gout cette clope qui ravive ma main gauche.
Nourrissant chaque jour, un peu plus, mon cancer et mon cendrier.

Et en mince filet d'hypocrisie, tout en haut s'évaporant, l'aval de nos maitres, qui de goudron, d'asphalte, et de bitume ne voulaient pas voir la morve sale expectorée.

Autre texte enfumé 

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Commentaires
J
je fume donc je suis !hi,hi,hi
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